Georgia - on peut trouver son foyer au bout du monde

When our worlds collide

Au bord d'une piscine, la demoiselle Wellesley boit un cocktail de fruit, allongée sur un transat. En arrière-plan, Mme Smith fait son entrée avec un air très fière et le menton relevé. Dans une bikini bien trop petit pour elle, la dame s'avance vers le bar tandis que tout le monde pose des regards sur elle et sur ses pieds chaussés de tongs qu'elle laisse glisser sur le sol. Puis des petits rires se font entendre jusqu'aux esclaffements : elle traîne sous ses pas un long ruban de papier toilette rose. Cela pince le cœur de la jeune artiste et la pousse à vouloir l'aider. « Madame... excusez-moi mais... vous avez quelque chose sous les pieds que vous devriez enlever » lui dit-elle avec  un sourire plein de compassion lorsque soudainement elle fut tirée par le bras.  « Combien de fois devrais-je te dire de ne pas t’occuper ce genre d’énergumène. Il y a bien plus urgent ! ». Ellie avait toujours été très rude à l’égard des gens qui n’appartenaient pas à la sphère privée des plus aisés mais jamais au point de crier sur son amie. Jamais elle ne s’était montrée aussi agressive. « Oh ! Du calme, hein ! Que t’arrive-t-il ? ». Son amie s’exécuta et lui demanda pardon. « C’est une longue histoire et bien trop privée, allons en parler ailleurs ». Georgia donna un dernier coup d’œil vers la Madame Smith pour vérifier qu’elle arrivait à se dépêtrer du ruban de papier : d’une certaine manière oui puisqu’elle le jeta dans l’eau de la piscine. Georgia grimaça aussitôt et cria un énorme « dégoutant ! ».
Ellie pris le temps de tout raconter à sa meilleure amie : elle passait de la colère aux larmes. La jeune femme avait surpris une dispute singulière entre son père et une des employés du Country club. Monsieur était un membre très actif du club et s’était lui qui avait conseillé à sa fille et à ses amis de venir à Myrtle Beach en Caroline du Sud : il pourrait faire leur étude ou entreprendre toute autre activité dans un lieu idéal, principalement fréquenté par des gens fortunés.
Mais revenons-en à notre drame. Lors de cette dispute, Ellie n’avait pas tout entendu et ne tenait pas les avenants et les aboutissants mais elle avait bien retenu quelque chose : ils avaient eu un fils et c’était elle-même qui l’avait menacé pour que lui aussi obtienne un emploi au club. Sur le coup, quelqu'un intervint auprès de la direction et demanda  de renvoyer cette femme sans délai.  Après quelques déductions, Ellie fit un tri : il ne restait plus qu’à leur tirer les vers du nez. Georgia intervenait à ce moment précis : vu qu’elle semblait bien accrocher avec les employés en général et surtout avec un barman de sa liste, elle devrait le faire parler. Ellie avait bien vu les regards qu’ils s’échangeaient et si au départ ça la répugnait, elle décida d’en tirer profit.
La jeune Wellesley refusa, trépigna mais finit par céder à son amie qui affirmait vouloir protéger l’honneur et la réputation de sa mère mais surtout son héritage. Il était hors de question de le partageravec un bâtard.. Au début, Georgia resta silencieuse, meurtrie par l’idée d’obtenir des informations à quelqu’un pour ensuite permettre à quelqu’un de lui faire du mal. Elle se persuada que c’était pour le bien d’une famille qu’il fallait préserver du divorce et des mauvaises langues. Alors, elle se jeta à l’eau et lui posa les questions avec un tel naturel qu’elle s’en étonna elle-même. Sans trop être directe, de fil en aiguille, elle utilisait une question innocente ou un compliment pour le faire parler. Les jours qui suivirent elle l’évitait tellement elle se sentait minable et plus bas que terre. Elle avait gardé pour elle toutes les informations qui le désignait comme coupable d’une chose que lui-même ignorait. Mais elle ne put se taire bien longtemps.
La dernière fois qu’elle le vit, elle l’attendait sur sa vieille voiture... avecEllie. Elle savait que c’était la sienne car elle l’avait souvent croisé en ville à bord de son véhicule. Lorsqu’il sortit enfin et qu’il posa les yeux sur elle, son ventre se noua. Elle ne savait pas ce qui allait se passer mais connaissant Ellie, cela ne présageait rien de bon.
Georgia resta figée dur le capot de la voiture en entendant le son de la claque. Comme un film au ralenti, elle revoyait le visage du jeune homme pivoter sous le coup de la violence du geste. Georgia fut pris d’une secousse et pour taire son cri elle recouvra sa bouche tellement elle avait mal pour lui, elle eu envie de se cacher tellement elle avait honte. Elle lisait sur ses traits qu’il ne comprenait rien, qu’il ne savait rien. Alors la petite traitresse lu murmura un désolée qui sortait de ses tripes… de son cœur.